Ses photos me touchent d’abord pour les couleurs, héritées d’un long temps de pose, de possibilités chimiques, du choix du photographe au tirage. Elles ne sont pas réalistes, elles me font penser aux anciennes cartes postales qui avaient des couleurs un peu criardes, elles me rappellent aussi l’hyperréalisme des photos du XIX° où le temps de pose fort long donnait aux yeux (dont le mouvement est difficilement contrôlable) une surréalité aux modèles.Il y a de la nostalgie dans tout ça, ce plaisir si doux de pleurer des souvenirs fantasmés.
Sus fotos me emocionan primero por los colores, heredados de un tiempo de exposición largo, las posibilidades químicas, la elección del fotógrafo en el revelado. No son realistas, me hacen pensar en viejas postales que tenían unos colores chillones. Me recuerdan también el hiperrealismo de fotos del siglo XIX donde el tiempo de exposición muy largo daba a los ojos (cuyo movimiento es difícil de controlar) una sobrerealidad de los modelos. Hay nostalgia en todo esto, este placer tan dulce de llorar recuerdos fantaseados.
J’y vois aussi une preuve du temps qui passe, dans les couleurs donc, mais aussi dans le kitsch suranné, les dégâts du temps qui passe sur les peintures et crépis des édifices. Un peu ce qu’arrive à recréer Antoni Tápies, le questionnement ouvertement philosophique en moins.
También veo evidencias del paso del tiempo, en los colores pues, pero en el kitsch también, el daño del paso del tiempo en la pintura y yeso de los edificios. Un poco lo que consigue recrear Antoni Tàpies, menos el cuestionando abiertamente filosófico.
Il y a aussi non pas du vide mais des absences dans les photos: voiture à l’arrêt et toujours vide, personnes immobiles, rues, routes et plages désertes. Comme pour Atget qui devait faire ses photos très tôt pour que n’apparaisse pas le mouvement des personnes qui auraient été forcément floues, vue le temps de pose très long des appareils de l’époque. Pour l’un comme pour l’autre, les lieux sont le plus souvent vides mais vides pour l’instant, le temps est comme retenu, la photo est prise juste avant que ne surgirait hors cadre, juste avant que ne serait résolu, le mystère de l’absentEs.
Hay también no diría que vacíos, sino ausencias en las fotos: coches aparcados y siempre vacíos, gente inmóvil, las calles, carreteras y playas desiertas. Como con Atget que tenía que realizar las fotos muy temprano para que no apareciera ningún movimiento de personas forzosamente borrosas visto el tiempo largo de exposición de las cámaras de la época. Para el uno como para el otro, los lugares son en su mayoría vacíos, pero vacíos por ahora, el tiempo es como contenido, la foto se saca justo antes de que surgiera, fuera del marco, antes de que podría resolverse, el misterio del/de la ausente.
Il y a aussi les sujets : des zones commerciales, des pavillons, des croisements, des bourgades et des petites villes, des petits commerces, des coins de plages. Tout un univers de petites gens, mon univers, ton univers, celui d’un quotidien trop quotidien pour qu’on s’y arrête, pour qu’on lui prête attention, pour qu’on imprime nos impressions fortes mais fugaces, pour qu’on l’évoque dans nos conversations. Pourtant c’est là que se meut notre mémoire et notre présent, notre éternité. Une dignité donnée à nos vies, une empathie pour les petites gens révélée sur l’argentique. En voyant ses photos on se dit « J’y ai été, j’y suis ». Ces photos aux couleurs irréelles effacent les frontières entre notre mémoire et notre présent, entre fantasme et réel. La vraie vie, quoi.
También están los temas: zonas comerciales, casas unifamiliares, pisos, cruces, pueblos y pequeñas ciudades, tiendas menudas, rincones de playas. Un mundo de gente de a pie, mi mundo, tu mundo, el de una vida cotidiana demasiado cotidiana para que le prestemos atención, para que imprimemos nuestras impresiones fuertes pero fugaces, para que lo evoquemos en nuestras conversaciones. Sin embargo, es aquí donde se mueve nuestra memoria y nuestro presente, nuestra eternidad. Se le da dignidad a nuestras vidas : una empatía por la gente de a pie revelado sobre la película. Al ver sus fotos uno piensa : “Estuve aquí, aquí estoy”. Estas fotos de colores irreales borran las fronteras entre nuestra memoria y el presente, entre la fantasía y la realidad. La vida real, pues. Ya se sabe.
L’habitude nous joue des tours. Ces photos de « la France de Raymond Depardon », par ses couleurs, par le choix de ces thèmes, nous déshabitue, nous révèle notre monde. La révélation, c’est vraiment le minimum qu’on puisse demander à l’art photographique, malgré le numérique.
Las costumbres nos juegan una mala faena. Estas fotos de « La France de Raymond Depardon », con estos colores, con la elección de estos temas, nos desacostumbran, nos revelan nuestro mundo. El relevado revela. Realmente es lo mínimo que se le puede pedir al arte fotográfico, a pesar de lo digital.